Pour un usage libre du numérique

Le numérique envahit de plus en plus notre vie personnelle et collective. On peut accepter cette évolution comme positive ou la rejeter ou y être indifférent. Comme toutes les évolutions sociales issues du progrès technique, à un degré peut-être inégalé, elle peut nous asservir ou nous libérer. Notre expérience numérique se situe toujours entre ces deux pôles et il est important d’agir pour qu’elle tende au maximum vers la liberté. Pour y parvenir, il faut d’abord connaître les facteurs d’asservissement et ensuite adopter des mesures qui en desserrent l’étau.

Tout le monde voit clairement que les « progrès » numériques exploitent de plus en plus finement et massivement nos données personnelles à des fins commerciales et de contrôle social. Le « progrès » se transforme alors en cauchemar : publicités et intrusions incessantes, piratages, procédures de plus en plus compliquées… Les progrès actuels de l’IA soulèvent encore plus de craintes… ou d’enthousiasmes. Par delà ces sentiments, l’IA soulève des questions radicales sur le numérique. Avec elle, le numérique entre dans une phase d’explosion de la consommation d’énergie à des fins discutables et d’explosion des coûts financiers qui renforce l’oligarchie numérique internationale et les risques de bulles financières. Elle provoque aussi, ce qui est beaucoup plus flou, une crise symbolique en suggérant que la pensée n’est plus l’apanage de l’être humain, voire que l’intelligence artificielle remplacera à terme l’intelligence humaine. Cette crainte symbolique floue met surtout en lumière une réalité profonde de la technique en général. La technique nous aide et nous libère quand nous la maîtrisons, elle nous asservit quand nous l’utilisons passivement. La société de consommation nous encourage à un usage individuel passif de la technique.

À contre-courant, le mouvement des logiciels libres a pour objectif de donner à tous ceux qui le souhaitent une meilleure maîtrise collective des outils numériques. Les communautés engagées dans ce mouvement développent des outils numériques qu’elles diffusent le plus souvent gratuitement et dont elles fournissent les sources et la documentation pour permettre d’en évaluer le fonctionnement et de les améliorer. Tous les usagers peuvent contribuer à des degrés divers, au moins en signalant les dysfonctionnements, en échangeant sur leurs pratiques et leurs difficultés. Ces logiciels sont souvent moins répandus (certains le sont plus) et surtout moins connus que les grands logiciels commerciaux propriétaires. Moyennant un petit effort d’apprentissage et une aide de la communauté, l’usager parvient à un résultat au moins égal, il accède à une plus grande diversité de logiciels et à une pluralité de clouds alternatifs de petite taille pour protéger ses données, il est largement débarrassé de la pression commerciale, il est beaucoup mieux protégé contre les piratages.

L’association ALDI4 invite tous ceux qui le souhaitent à venir aux ateliers qu’elle organise chaque mardi sur les logiciels libres. Elle propose notamment d’installer et d’apprendre à utiliser Linux, mais pas que…